Jacques Fejoz

CEREMADE, Université Paris Dauphine - PSL et Observatoire de Paris PSL

Sur l'instabilité du problème planétaire

Le problème planétaire est une approximation presque intégrable des équations du Système solaire, où des planètes se meuvent autour d'un soleil très massif. En première approximation, les planètes décrivent des ellipses de Kepler. À cause de l'attraction mutuelle des planètes, les éléments elliptiques tels que les excentricités ou les demi grands axes varient lentement au fil des révolutions (c'est la "variation des constantes"). Mais ces variations sont-elles de moyenne nulle, comme les théorèmes de stabilité de Laplace-Lagrange l'affirment en partie, ou peuvent-elles s'accumuler ?

Le "théorème d'Arnold" montre qu'un ensemble de mesure strictement positive de conditions initiales conduit à des mouvements quasipériodiques, donc sans collisions ni éjections, le long desquels les invariants adiabatiques ne subissent que des variations de moyenne nulle. Ce théorème n'interdit toutefois pas de grandes instabilités, comme anticipé par Poincaré, comme conjecturé plus précisément par Arnold en 1964, et comme constaté dans les simulations numériques à long terme par Laskar et d'autres à partir des années 1990 pour notre Système solaire.

Dans un récent travail en commun avec Andrew Clarke et Marcel Guardia, nous démontrons qu'en effet, dans le problème à trois planètes, un ouvert de conditions initiales conduit à des comportements aléatoires, permettant par exemple le retournement du sens de révolution d'une planète, ou encore la croissance d'un demi grand axe dans un rapport arbitrairement fixé.